Etablissement des cimetières



Sous l’ancien régime l’inhumation des personnes de confession catholique se faisait dans des cimetières proches des églises, pour certains dans l’église elle-même: "le 19 avril 1713 est décédée Marie LARNAGUE femme à sieur Deny TERRAUBE, munie des sacrements, enterrée dans l'église ayant droit de ban et de sepulture par ordonnance de Monseigneur l'eveque… [ ]. Acte inscrit sur le registre paroissiaux de Fons.
L’inhumation des personnes de confession protestante se faisait dans une propriété familiale, un acte de décès, retranscrit par le curé sur le registre paroissial à Rivières de Theyrargues notait :
"décédée hors de la catholicité, enterrée aux champs par les siens" Fons n’échappait pas à ce schéma. Le cimetière était accolé à l’église sur son coté sud.



Extrait du plan cadastral de 1834 (en bleu foncé l'église, en bleu clair le cimetière)



A Fons il n’y a pas de trace de sépultures protestantes ! On aperçoit ça et là de grands cyprès, cela prête à penser que quelque protestant repose en paix à proximité.

Les cimetières au cœur des villes et villages présentaient un risque de salubrité publique. A cet effet Napoléon BONAPARTE légifère est promulgue le 23 Prairial an XII (12 juin 1804) un décret impérial sur "les Sépultures et les Lieux qui leur sont consacrés".
Ce décret impose :
  • Les inhumations hors des villes et villages dans des terrains réservés à cet effet et distants de plus de 35 à 40 mètres de toutes habitations.
  • Toute personne pourra être enterrée sur sa propriété, pourvu que ladite propriété soit hors et à la distance prescrite de l'enceinte des villes et villages.
  • Dans les communes où l'on professe plusieurs cultes, chaque culte doit avoir un lieu d'inhumation particulier; et dans le cas où il n'y aurait qu'un seul cimetière, on le partagera par des murs, haies ou fossés en autant de parties qu'il y a de cultes différents, avec une entrée particulière pour chacune, et en proportionnant cet espace au nombre d'habitants de chaque culte.
  • Le terrain libéré par les anciens cimetières seront fermés et resteront dans l'état où ils se trouveront, sans que l'on en puisse faire usage pendant cinq ans.

Le 27 fructidor an XII (14 septembre 1804) , Le conseil municipal réuni, délibère afin de se conformer audit décret, sur injonction du préfet et fait l'état des lieus.
"1° Il existe dans la commune trois cent quatre vingt treize âmes, dont cent quatre vingt un faisant profession du culte catholique romain et deux cent douze âmes faisant profession du culte protestant.
2° Que la mortalité annuelle du culte catholique se porte de 6 à 8 et celle du culte protestant de 8 à 10.
3° L’étendue du cimetière est de quatre boisseaux de contenance. Ce cimetière ne servant qu’à l’inhumation des corps du culte catholique.
4° Son exposition est au milieu du village au midy de l’église.
5° Le même cimetière est environné d’un mur d’environ six pans d’élévation qui est en mauvais état.
6° Que les fosses se font à trois pieds de distance.
7° Les fosses se font de quatre pieds de profondeur et de deux pieds six pouces de largeur.
8° Que les fosses se renouvellent de cinq en cinq ans.
9° Que le conseil municipal a délibéré de plus qu’il convenait de changer l’emplacement du cimetière.
10° Que le même conseil indique le terrain situé au nord du village composant une pièce de terre située au cartier de la Paran confront du levant et couchant Simon PROHIN de bise Claude RAINAUD du marin Estienne CHAZEL contenant 1 Emine 6 Boisseaux 2 laÿdieres (*) , lequel terrain appartient à la veuve de Pierre RIVIERE dont la valeur approximative est de la somme de trois cent cinquante francs. Ledit terrain est à la distance d’environ cinquante ???? ????? de la commune.
11° Le conseil décide que le lieu indiqué pour établir le cimetière a assez d’espace pour inhumer les corps à la distance prescrite par la loi, que le dit terrain sera partagé proportionnellement entre les deux cultes et qu’il sera fait avec facilité la séparation exigée avec l’entrée particulière nécessaire à chacun d’eux.
12° Enfin le passage a prendre pour aller dans le dit nouveau cimetière est désigner par le conseil dans une pièce de Simon PROHIN et dans une de François ABEILLE dans lesquelles pièces on parviendra par le chemin commun appelé des Granges"
Et ont les sachant écrire signé.
(*)
Mesure de surface équivalant à environ 1250 m2.

En réunion le 24 pluviôse an XIII (13 février 1805) , le conseil municipal reprend exactement dans les mêmes termes la délibération du 14/09/1804.

Le 7 septembre 1806, une délibération à propos du déplacement du cimetière reprend de nouveau celle du 14/09/1804. L'emplacement est changé un article est ajouté à cet effet.
" Le conseil municipal sur l’observation qu’a fait le sieur Marc Antoine GUEIDAN l’un de ses membres qu’il y avoit un terrain appartenant au sieur Pierre MARTEL et a Sr François ABEILLE au quartier appelé Laparan ou Combarlenque qui seroit plus propre pour l’emplacement du cimetière et s’est porté sur le local et après avoir fait creuser plusieurs fossés a reconnu que le susdit terrain étoit plus convenable que celui désigné par la présente délibération de ce jour. En conséquence ledit conseil a délibéré de nouveau qu’attendu qu’on n’a pas trouvé un terrain plus propre que celui dudit MARTEL et ABEILLE il convenoit d’y fixer l’emplacement du cimetière en prenant du coté nord la contenance de douze ares comme tenant à un plus grand corps et procédant a l’extimation du susdit terrain le conseil a pensé qu’il étoit de valeur de la somme de deux cent quarante francs et que les fraix e cloture peuvent se porter à la somme de sept cent septante francs rapportant à cet effet l’article 10 de la présente qui désigne le terrain appartenant à la veuve de Pierre RIVIERE et désigne au lieu et place de celui-ci celui du Sr MARTEL et ABEILLE situé audit quartier de Laparan ou Camberlenque."

Mais voilà la commune n’est pas riche et 26 ans plus tard le cimetière est toujours au cœur du village et certainement des discutions. Il est probable que Fons ne soit un cas unique. La seconde pandémie de choléra incita probablement les autorités à reprendre le dossier des cimetières une circulaire de M. le préfet en date du 26 octobre dernier:
"est un encouragement pour les communes les revenus sont insuffisant puisqu’il leur fait espérer un secours de 500 aux trois premiers qui feraient l’acquisition d’un emplacement pour un nouveau cimetière" nous en fourni la preuve.

Ainsi le 8 novembre 1832, Le conseil municipal réuni reconnaît la nécessité de la construction d’un nouveau cimetière :
"…le cimetière du culte catholique dont son exposition au centre du village le rend pernicieux dans le rapport de la salubrité publique, […] mais que cette nécessité étant devenue aujourd’hui plus impérieuse par la crainte de la maladie qui a ravagé une partie de la France et qui afflige dans ce moment une contrée voisine. […] Que d’autre part les protestants n’ont point de lieux de sépulture que ce fâcheux état de chose est aussi très pernicieux sur la santé publique, puisqu’il faut nécessairement que l’autorité tolère qu’ils soient inhumés dans leurs propriétés avoisinant bien souvent leurs habitations"
François ABEILHE est toujours disposé à céder le terrain préalablement choisi, celui-ci a été estimé à 500 Frs, somme correspondant à la subvention promise au 3 communes les plus rapides.
Le conseil délibère
"qu’il n’y avait rien de plus pressant dans l’intérêt général que de s’occuper a opérer ce changement que l’exposition du terrain proposé se trouvant au nord du village, à distance voulue par la loi des habitations et que partagé en deux parties égales il était suffisant pour les deux cultes proportionnellement à leur population.
A délibéré en outre que vu la pénurie des fonds communaux M. le préfet est supplié de faire accorder un secours pour parvenir à leur confection, et qu’une expédition d la présente lui sera transmise pour être soumise à son approbation"


Dans une lettre datée du 8 octobre 1833, M. le Préfet averti M. le Maire qu’un « secours » de 200 Frs à été accordé à la commune pour le déplacement du cimetière !

Le 21 décembre 1833, Le conseil municipal réuni prends acte du montant du secours et vote une somme de 1467,88 Frs sur le budget de la commune. Cette somme ajoutée aux 200 Frs de subvention permet l’acquisition du terrain et couvre le montant du devis de M. ODOL géomètre et architecte, relatif à la construction dudit cimetière se portant à la somme de 1167,68 Frs, et à l'achat du terrain estimé à 500 Frs.

Le 23 mars 1834, Le conseil après vérification, convient qu’il ne pourra dégager sur le budget 1834 la somme de 899,99 Frs, qui ajoutée aux 200 Frs accordés par le Préfet sera inférieure de 567,69 Frs à la somme de 1667,68 Frs nécessaire à la réalisation du projet de construction des cimetières.
En fonction de quoi le conseil délibère :
  • De voter une somme de 300 Frs pour compléter les 200 Frs de subvention, ce qui permettra l’achat du terrain.
  • De solliciter "des inépuisables bontés de M. le Préfet un nouveau secours de 567,69 Frs pour la dépense qu’entraînera l’acquisition du terrain la construction des murs de clôture ainsi qu’il est constaté par le devis à cet effet dressé et dont copie sera jointe à la présente et du procès verbal d’expertise"


Le 14 septembre 1836, la commune par ordonnance royal est autorisée à acquérir le terrain de François ABEILLE, mais l’achat ne peut être finaliser : « car les biens de ce dernier sont grevés d’une rente annuelle et perpétuelle de 105 Francs en capital 2310 Francs au profit de l’hospice civil d’Uzès ainsi qu’il est établi par le certificat des hypothèques. »
Le 15 janvier 1837, le conseil municipal demande dispense à M. le Préfet pour l’achat du terrain de François ABEILLE car : bien qu’il ait une rente à vie de 105 Frs faveur de l’hospice d’Uzès, il a suffisamment de biens pour garantir cette hypothèque. La commune peut donc acheter son terrain en toute sécurité.
Le 8 novembre 1838. Bien que cela fasse bientôt 2 ans que la commune soit en possession du terrain destiné à la construction des cimetières, il n’a pas été possible faute de ressource de construire les murs d’enceinte desdits cimetières.
Le conseil municipal demande à nouveau un secours de 500 Frs à M. le Préfet.

Par lettre du 3 septembre 1840, M. le Préfet avise M. le Maire qu’il est accordé à la commune une somme de 200 Frs sur les 10 000 Frs accordés au département du Gard pour les pertes éprouvées en 1839 par suites des intempéries. Par instruction ministérielle cette somme pourra être employée à la construction des murs de clôture du cimetière, après accord des propriétaires concernés.

Le 10 novembre 1840, M. Le Maire présente un devis dressé par le Monsieur CHAZEL géomètre dont le détail estimatif s’élève à la somme de 1525,75frs.
Le conseil municipal vote à l’unanimité un somme de 1125,65 Frs, qui ajoutée aux 200 Frs alloués le 8 octobre 1833 et 200 Frs alloués le 3 septembre dernier font la somme de 1525,75 Frs montant du devis précité.

La décision du 10 novembre 1840 fut bien suivie d’effet :
  • Début 1841, l’architecte chargé des travaux fourni un devis de 1495,25 Frs
  • Le 14 mars 1841, M. Etienne NOGARET maître maçon de Fons est désigné adjudicataire des travaux
  • Le 23 avril 1841, le conseil municipal approuve le devis et le contrat d’adjudication.
  • Le 31 janvier 1842, les travaux sont terminés, l’architecte chargé des travaux fourni le procès verbal de réception et le décompte définitif qui ce monte à 1599,98 Frs.
  • le 10 février 1842, le conseil municipal vote la somme de 104,73 Frs, montant de travaux supplémentaires.

A cette période la mortalité infantile est très élevée, il fort probable que la première personne inhumée fut une fillette, Françoise BERTRAND, âgée de 2 ans et 27 jours, décédée le 23 février. Elle était de confession catholique.
La seconde personne inhumée était de confession protestante, c’est aussi une fillette, Anne Hélène AUSSIGNARGUES, âgée de 11 ans et 2 mois, décédée le 14 avril.
Il aura donc fallu 34 ans pour construire et clore les nouveaux cimetières. Cela permis de dégager un espace près de l’église, autorisant l’agrandissement de celle-ci après un délai de 5 ans imposé par l'article 8 du décret du 23 prairial an XII (Voir le chapitre "restructuration de l'église et construction d'un temple sur la page "Cultes".



Extrait du plan cadastral de 1834

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Jardin derrière l'église

Le déplacement du cimetière et la restructuration de l'église laissa libre une petite parcelle de terrain jouxtant l'église coté sacristie.

Le 12 novembre 1861, en session ordinaire de novembre, le conseil municipal est réuni.
Etaient présents: Mrs GUIHERMET Cyprien, FERRAUD Roustan, VERDIER Jean, REVERGAT Emile, CLEMENT Simon, BORIE Louis, CHABRIER Pierre, ESPAGNAC Simon, REVERGAT Gaspard adjoint, GUEIDAN Siméon, CHALVIDAN Maire. (NDLR: absents CHAZEL Ernest et BOISSIN Vincent).
M. le Maire
"a exposé au conseil municipal qu'il existe autour de l'église du coté de l'ouest un vacant provenant de l'ancien cimetière que le conseil de fabrique a émis le vœu par une délibération spéciale que le vacant soit clos de mur attendu que selon lui il ne sert à aucun usage et que plusieurs habitants sans respect pour sa destination première et pour l'église en fait un cloaque d'immondices et que c'est manquer au respect du à la cendre des morts que d'en faire un pareil usage".
Le conseil municipal par 6 voix contre 5 vote la clôture du "vacant" situé à l'ouest de l'église, la commune en reste propriétaire.
Les cinq opposants souhaitent que ce "vacant" reste libre tout en reconnaissant qu'il est regrettable que des individus se permettent d'en faire un lieu pour y déposer des ordures.
(Cette délibération n'est signée que par le Maire et 3 conseillers qui ont voté pour)


Le 5 décembre 1861, les cinq membres du conseil municipal qui n'ont pas approuvé la délibération du 12 novembre ainsi que Mrs CHAZEL Ernest et CARREIRON Jean, font réclamation auprès de M. le Préfet:
"…… il y a douze ans environ on enleva l’ancien cimetière catholique qui touchait l’église et les terres en furent transportées dans le nouveau situé hors du village. De sorte qu’une partie de cet ancien cimetière situé au couchant de l’église, fut livrée à la circulation publique, d’abord parce qu’on sentit la nécessité d’ouvrir un passage de ce coté, afin de faciliter la circulation des rues avoisinantes et ensuite pour dégager l’église et en rendre l’accès plus facile.
De sorte qu’aujourd’hui cette rue nouvelle sert à toutes les personnes qui viennent déboucher de ce coté. En outre cette rue qui confronte au levant l’église confronte au midi et au couchant des maisons particulières.
D’abord en commençant par le couchant une écurie avec magnanerie au dessus et basse cour attenante, à Mr CHAZEL l’un des soussignés, qu’une fenêtre de 0,50 s’ouvre dans cette rue, ce propriétaire allait ouvrir un portail à sa basse cour à laquelle il arrive difficilement du coté du couchant à cause des rues étroites.
Vient ensuite la maison CAREIRON ayant deux ouvertures sur cette rue, une de date très ancienne à 1m50 du sol extérieur ayant 0,50 mètre carré, et une autre plus élevée datant de douze ans environ, ayant 1m², laquelle sert à ce propriétaire pour rentrer ses pailles et fourrages, ce dernier avait même l’intention d’ouvrir une porte.
La maison suivante (maison VEISSIERE) placée au coude même de cette rue n’aurait pas à souffrir comme les deux précédentes de la suppression de cette rue puisqu’elle n’y a pas d’ouverture. [….]
Si contre leur attente cette délibération était approuvée ils penseraient que leur présence au conseil était parfaitement inutile. Ils n’auraient rien de mieux à faire que d’adresser leur démission.
Dans l’attente d’une décision favorable les soussignés se disent de Monsieur le Préfet les très obéissants serviteurs et administrés.


M. le Préfet transmis cette réclamation au sous Préfet d'Uzès pour étude, avis et argumentaire, avant de répondre aux pétitionnaires.
Le 23 décembre, le sous Préfet écrit :
"Monsieur le Préfet,
J'ai l'honneur de vous adresser le plan et devis des travaux à faire dans la commune de Fons sur Lussan pour clôturer un terrain communal ayant autrefois servi de cimetière et qui est contigu à l'église.
La dépense est évaluée à la somme de 197 Frs
Je joint l'autorisation préfectorale en vertu de laquelle le projet a été dressé, une délibération du 12 novembre dernier par laquelle le conseil municipal a décidé par les considérations qui y sont développées, que le terrain susmentionné serait clôturé et une autre délibération du 15 de ce mois approuvant le projet des travaux.
Je joins également une liste de souscription consentie par divers habitants pour l'exécution de ces ouvrages s'élevant à la somme de 71 Frs en argent et à celle de 301,65 en travaux de prestation.
Cette affaire a donné lieu à une protestation de la part des membres du conseil municipal professant la religion protestante que vous m'avez fait l'honneur de me communiquer le 9 décembre courant.
Cette protestation est basée sur ce que les travaux qu'on a le projet d'entreprendre auront pour effet de réduire la largeur de la rue.
Il résulte des considérations développées dans la délibération du conseil municipal, que le terrain qu'il s'agit de clôturer, était autrefois un cimetière adossé contre l'église qui a toujours été dès lors entouré de murs. Que lors de la reconstruction de l'église la commune avait cru devoir livrer ce terrain au public, mais que l'expérience ayant fait reconnaître depuis les inconvénients de toute sorte qui en résulteraient, puisque ce lieu est aujourd'hui un véritable cloaque. Il est devenu indispensable au point de vue de la décence de rétablir les murs qui entouraient ce terrain.
Cette mesure a obtenu, du reste, l'assentiment de la grande majorité de la population, puisque la liste de souscription comprend les noms de 77 chefs de famille et s'élève à une somme double de la dépense à entreprendre.
Je doit ajouter que la protestation est l'œuvre exclusive de M. CHAZEL conseiller municipal dont la famille habituée pendant longtemps à traiter toutes les affaires au gré de ses désirs ne peut s'imaginer qu'on puisse avoir d'autres idées que les siennes. J'estime, en conséquence, qu'il y a lieu d'en prononcer le rejet et d'autoriser les travaux qui font l'objet du projet approuvé par le conseil municipal.
Veuillez agréer Monsieur le Préfet l'hommage de mon respect.
Le sous Préfet d'Uzès."

Le 11 janvier 1862, M. le Préfet signifie à Gaspard REVERGAT adjoint au Maire de Fons.
"Monsieur,
Le 5 décembre dernier vous m'avez adressé conjointement avec plusieurs membres du conseil municipal de Fons sur Lussan (une protestation) des observations contre la délibération qu'a prise le conseil municipal de cette commune le 12 novembre dernier, au sujet d'un projet de clôture de l'ancien cimetière catholique attenant à l'église. D'après vous les constructions à effectuer auraient pour inconvénient de gêner la circulation publique.
Je vous ferai observer, Monsieur, que le conseil municipal a agi dans la limite de ses attributions en votant la clôture d'une propriété privée de la commune. Au surplus il parait établi que ce terrain n'a jamais été ouvert qu'accidentellement au passage public puisque son ancienne destination exigeait qu'il fut entouré de murs, et depuis le reconstruction de l'église la commune a cru devoir permettre la circulation, elle n'a par cet acte de tolérance, ni perdu ni abandonné ses droits. Vos observations ne sont donc susceptibles d'aucunes suites à moins de nouvelle réclamation de votre part.
Le préfet"


Le 12 novembre 1865. M. le Maire "expose au conseil municipal plusieurs lettres de rappel au sujet des fenêtres ouvertes depuis une quinzaine d'années donnant sur l'ancien cimetière. La dernière de ces lettres invite le conseil à délibérer sur cette affaire.
Le conseil oui l'exposé de M. le Maire, considérant que le sieur CARREIRON a diminué de moitié sa fenêtre et d'ailleurs elle ne contrarie pas beaucoup. Considérant que la fenêtre de M. CHAZEL Ernest, si elle venait à prescrire empêcherait à cet endroit toute construction de la part de la commune, qu'il s'échappe de cette fenêtre des mauvaises odeurs pouvant se répandre dans l'église au cas ou l'on pratiquerai dans le temps ce qui est très probable certaine ouverture vis-à-vis.
Considérant qu'il est notoire que ces fenêtres ont été ouvertes sans autorisation de la part de la commune et seulement depuis une quinzaine d'années. Déclare qu'il est d'avis que le sieur CARREIRON soit autorisé à laisser sa fenêtre telle qu'il l'a modifiée sauf à y faire placer un grillage en dehors. Mais que pour la fenêtre de M. CHAZEL Ernest il est de l'intérêt de la commune et de l'église de la faire fermer".


Le 25 février 1866 le conseil municipal confirme, à M. le sous Préfet, sa délibération du 12 novembre 1865 et demande l'autorisation de poursuivre devant les tribunaux les sieurs Ernest CHAZEL et CARREIRON "…laquelle délibération a été notifiée aux parties intéressées qui ont refusé d'obtempérer à la sommation qui leur a été faite…"

Le 13 mai 1866 M. le Maire "donne lecture des conventions suivantes qu'il a proposé de faire avec le sieur CARREIRON Jean de Fons sur Lussan.
La commune permet au sieur CARREIRON Jean de laisser ouverte la fenêtre d'aspect qu'il a pratiquée il y a quelques temps dans son mur au dessus de l'ancien cimetière catholique. Cette fenêtre haute de un mètre vingt cinq centimètres, large de cinquante deux centimètres ne sera pas agrandie.
La commune permet secondement au dit CARREIRON Jean de réunir en une seule les deux autres ouvertures anciennes qu'il possède du même coté. Cette nouvelle ouverture aura en hauteur cinquante centimètres, en largeur quatre vingt huit centimètres. La plus basse ligne d'ouverture de cette nouvelle fenêtre sera au plus à quatre vingt centimètres au dessous de la plus basse ligne d'ouverture de la plus haute fenêtre.
Le sieur CARREIRON Jean concède en retour à la commune la mitoyenneté de tout son mur depuis le sol jusqu'à la plus basse ligne d'ouverture de la nouvelle fenêtre qu'il ouvrira. Si la commune construit à cet endroit un hangar ou autre chose les plus hautes tuiles du toit pourront affleurer cette même ligne d'ouverture de ladite fenêtre. Le conseil approuve lesdites conventions


Cette parcelle est aujourd'hui le petit jardin derrière la sacristie.
L'ensemble du pâté de maisons dont faisait partie celles de Mrs CARREIRON et VEISSIERE situé au sud de ce jardin fut démoli, dans le milieu du XXéme siècle, ce qui permis la création de la place de l'église.


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Agrandissement des cimetières



Les premiers cimetières correspondent à la partie basse la plus à l'est du cimetière actuel
31 août 1884, M. le Maire expose au conseil municipal :
"Que l’exiguïté du double cimetière affecté au service des 2 cultes ; pourrait en temps épidémiques, causer avec les fortes chaleurs de l’été, certaines maladies très dangereuses et qu’en conséquence il y a lieu de faire procéder à son agrandissement.
Que pour faire face à cette dépense il existe dans la forêt communale, au canton dit du Peyrol et de l’aiguille environ 10 hectares de bois essence chêne blanc de l’âge de 21 ans qui feraient une coupe extraordinaire, pour l’exercice 1885, il propose d’en faire immédiatement la demande"
Le conseil municipal autorise M. le Maire à étudier le projet d’agrandissement des cimetières et demander à l’administration des forets l’autorisation d’une coupe extraordinaire pour l’exercice 1885, afin de financer lesdits travaux.

Le 17 décembre 1886, le conseil municipal adopte le principe de l’acquisition des parcelles de terrain dites mas de clastre section A numéros 489 et 490. Ces parcelles, appartenant à M. Louis CHAZEL, jouxtent les cimetières actuels, permettront l’agrandissement desdits cimetières.

Le 8 mai 1887, le conseil municipal vote au budget supplémentaire la somme de 701,14 Frs, prix de l’estimation des parcelles destinées à l’agrandissement des cimetières. Une promesse de vente a été signée le 1er avril dernier.

Le 29 mai 1887,, le conseil municipal vote l’adoption des plans et devis établis le 15 avril par M. Achille CHASTANIER architecte à Lussan, pour l’agrandissement des cimetières estimés à la somme de 1467,24 Frs.

Le 18 octobre 1888, le conseil municipal vote une somme de 700 Frs pour le terrassement des nouveaux cimetières. Les travaux de fondations des murs de clôture montre que la terre est insuffisante pour le creusement des futures tombes.

Le 20 janvier 1901, M. le Maire expose au conseil municipal que dans la délibération du 18 octobre 1888 il avait :
  • reconnu qu’il n’était pas possible de creuser des sépultures compte tenu de la faible épaisseur de terre.
  • Eté acté le terrassement des nouveaux cimetières mais que par manque de moyens, puisque en plus du terrassement un apport de terre était nécessaire, une partie seulement avait été traitée.
  • Le 13 octobre dernier une commission avait été chargée d’étudier les travaux relatifs à l’achèvement des travaux de terrassement. Il en résulte que la surface à combler est de 513 m2, exigeant un apport de 769 m3 de terre pour une dépense de 1000 Frs environ.
Mais si les travaux sont bien indispensables, les moyens ne sont pas supérieurs et qu’il n’est pas raisonnable d’augmenter les impositions.
Le conseil municipal décide donc :
"d’imposer un certain nombre de journée de travail pour subvenir aux dits terrassements cela sera une charge moins lourde puisque les travaux pourraient avoir lieu a une époque la moins rémunératrice de l'année et tel serait aussi le vœu de presque toute la population.
Il est donc imposé quatre journées de travail pour être affectées aux terrassements des cimetières pour tout habitant chef de famille à titre de propriétaire et de fermier porté au rôle des contributions directes pour sa personne et pour chaque individu du sexe masculin âgé de 16 ans au moins et de 70 ans au plus, membres ou serviteurs de la famille et résidant dans la commune, pour chacune des charrettes ou voitures attelées et en outre pour chacune des bêtes de somme, de trait au service de la famille.
La journée de travail sera acquittée en nature ou en argent au gré des contribuables conformément à la valeur qui en sera attribué par la commune.
Toutefois si le contribuable n'acquitte pas en nature les journées qui lui seront attribuées dans le délai qui en sera fixé ultérieurement, elles seront de droit exigible en argent et recouvrées comme en matière de contributions directes.
Le prix de la journée est fixé de la manière suivante:
  • Pour les hommes à 2 Frs.
  • Pour une voiture attelée à 2 colliers avec son conducteur à 7 Frs.
  • Pour une voiture attelée à 1 collier avec son conducteur à 6 Frs.
Le rôle en sera tenu immédiatement après approbation de la présente délibération par M. le Préfet"
Cette délibération ne fut probablement pas approuvée par M. le Préfet car le 4 août le conseil municipal "autorise le Maire à faire dresser les plans et devis nécessaires aux travaux d’extension des cimetières"
M. BALSENE architecte à Lussan présentera le 7 septembre un devis d’un montant de 950 Frs pour l’exécution desdits travaux.
Le conseil municipal dans une délibération du 15 septembre, approuve le devis de M. BALSENE et vote son financement. Le conseil constate que la commune n’a pas de ressources et qu’elle ne peut vendre de coupe de bois qui lui permettrait une rentrée d’argent si faible soit elle. Le conseil se résout donc à
« aliéné une rente sur l’état » d’une valeur de 300 Frs et de voter :
  • une " imposition extraordinaire de 6 centimes pour 1902 au principal de ses 4 contributions directes devant produire une somme de 150 Frs ".
  • de "solliciter de la bienveillance de M. le Préfet à l’effet de faire obtenir sur le produit des amendes correctionnelles un secours de 500 Frs pour le terrassement des cimetières".
L’ensemble de ces 3 sommes faisant 950 Frs montant du devis présenté.
L’autorité supérieure ne répondit pas à cette demande de secours, et le 19 octobre le conseil municipal, pour couvrir le montant des travaux et combler le déficit du budget primitif de 1903, décide de contracter auprès de la caisse des dépôts et consignation un emprunt de 1500 Frs. Cet emprunt sera remboursable sur 25 ans au moyen d’une imposition extraordinaire de 4 centimes additionnels au principal des 4 contributions.

Par lettre du 23 février 1903, M. le sous Préfet informe que cette délibération ne peut être suivie d’effet telle quelle, puisque les prêts de la caisse dépôts et consignations sont d’une durée maximum de 20 ans.

Par délibération du 1er mars, le conseil se conforme aux règles de la caisse des dépôts et consignations et contracte un emprunt de 1500 Frs remboursable sur 20 ans, au taux de 3,75%, financé par une imposition extraordinaire de 4,5 centimes.

Enfin les travaux de terrassements et apports de terre ont étés exécutés correctement et la totalité de la surface des cimetières est utilisable, car aucune autre délibération ou document ne traite de ces travaux.

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Réparations aux murs des cimetières



Le 8 novembre 1911,, M. le Maire expose au conseil municipal : que les murs affectés au service des deux cultes tombent en ruine.
Le conseil vote une somme de 910 Frs à cet effet et autorise le Maire à faire établir les plans et devis nécessaires.
Le devis dressé par M. BATAILLE architecte à Alais s’élève à la somme de 1360 Frs. Il n’a été budgété sur l’exercice que 753 Frs, la commune ne peut ajouter que 100 Frs. Le conseil réuni, vote le 25 août 1912 une demande de secours de 507 Frs.

Le 18 novembre 1912, M. le Préfet fait savoir qu’il approuve les conditions du marché de restauration des murs des cimetières. Le 25 février 1913 M. Marcel JULLIAN entrepreneur à Fons est désigné pour l’exécution des travaux, suivant l’adjudication restreinte du 3 février.

Le 24 novembre 1913,, M. le Maire présente au conseil municipal le certificat de l’architecte constatant l’achèvement des travaux. Par cette délibération il demandé à M. le Préfet de
" verser dans la caisse du receveur principal la somme de 400 Frs allouée par la commission départementale pour subvenir avec d’autres ressources aux frais de la dite réparation"


Monument aux morts



En 1920, fut érigé, dans le cimetière, en limite des parties catholiques et protestantes, un monument à la mémoire de soldats tombés lors de la 1ere guerre.
Le 4 janvier 1921, par délibération le conseil municipal décide que: dans chaque partie et attenante à ce monument, soit réservée, gratuitement une concession perpétuelle de 10m2, destinées à recevoir les restes des soldats décédés et exhumés du front et inhumés dans l'un ou l'autre cimetière.

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