Eglise, temple, cultes





Introduction


Sous l'Ancien Régime, la religion est le fondement du système social. Le roi tient son pouvoir de Dieu, La monarchie française est dite de "droit divin". La France a le titre de « fille aînée de l'Église » et les rois de France sont appelés « Rois Très chrétiens ». La religion catholique étant celle de l'Etat et de la Couronne, tous les rois doivent jurer, le jour de leur sacre, de défendre l'Eglise catholique et s'engagent aussi à lutter contre les hérésies. La vie sociétale était rythmée par les offices et les fêtes religieuses.

1686 Modification de l'église


Au milieu du XVIe siècle, le souhait d’une réforme de l’Église est largement répandu en France, comme dans toute l’Europe, entraînant des troubles dont l'apogée sera la nuit dite de la "Saint Barthélemy". L'avènement du roi Henri IV et la proclamation de l'Edit de Nantes apaisa quelque peu ces troubles. Après son assassinat en 1610, ses successeurs et leur entourage, s'évertuèrent à combattre la réforme. Ces troubles et les guerres font que les caisses de l'état, des églises et de la population sont exsangues. Ce manque de moyens est visible même sur l'état des édifices religieux:

"pour le diocèse de Nîmes, Robert SAUZET s'est appuyé sur les actes de mise en possession des bénéfices, tels qu'ils figurent dans les registres d'insinuations car on y indique, au début du XVIIe siècle, dans quel état se trouve le sanctuaire auquel se rattache le bénéfice. Entre 1610 et 1620, pour 106 édifices mentionnés (ce sont plus souvent des chapelles que des églises paroissiales) 55 sont en ruines, mais 2 viennent d'être reconstruits". " Le roi, Louis XIV, lui même dans une déclaration du 18 février 1661 " a donné l'impulsion pour réparation des églises et des presbytères" les guerres dit-il ont causé beaucoup de dommages aux églises; les ecclésiastiques et autres qui devaient les entretenir ont été spoliés et privés d'une bonne partie de leurs revenus: ils est donc urgent maintenant de réparer les églises, afin de remercier Dieu, auteur de la paix. Aussi le roi enjoint il aux évêques de visiter ou de faire visiter les paroisses, et de s'appuyer sur ses officiers pour contraindre les décimateurs, marguilliers et les paroissiens à faire leur devoir vis-à-vis des édifices du culte." (1)
Au mauvais état des édifices s'ajoutent des raisons démographiques, et après 1685, la nécessité d'accueillir la masse des Nouveaux Convertis est un motif supplémentaire de bâtir ou d'agrandir les églises. C'est ainsi que l'évêché d'Uzès entreprend en 1686 des travaux dans 72 églises du diocèse dont l'église de Fons-sur-Lussan.

Le 20 mars 1686, en l'étude de M° Olivier GENOLHAC notaire Royal d'Uzès. Un contrat "Prix fait" est signé entre les autorités ecclésiastiques et M. Simon ROURE, maçon de Lussan, adjudicataire des travaux à réaliser à l'église paroissiale de Fons sur Lussan. Il détaille l'ensemble des modifications prévues qui y seront entreprises.
Ce document est intéressant car il donne une description de l'église avant et après les travaux:
" Ladite église sera réparée et remise en l'état auquel elle était anciennement et sur ses anciens fondements: Savoir, la nef de cinq cannes de long sur deux cannes trois pans et demi de large et trois cannes de lévation ou environ et le coeur d'une canne et demi de long sur la largeur de ses fondements et auteur de deux cannes et demi qui sont en bon état et pour c'est effet l'entrepreneur sera tenu de faire tous les ouvrages suivant et conformément aux articles ci après exprimés.
PREMIEREMENT démolira la voûte de la nef qui est voûtée trop bas, rebâtira à hauteur nécessaire tous les murs et contrefort sur même épaisseur que ceux qui restent fait et de même maçonnerie qu'est le restant en sorte que le tout soit a hauteur suffisante pour que la voûte de ladite nef soit de trois cannes d'élévation sous clef et le coeur de deux cannes et demi de hauteur sous clef et qu'ils puissent être couverte suivant la pante du couvert a faire sur ladite voûte.
- PLUS fera l'entière voûte de ladite nef et coeur avec pierre d'assise entou[n]e et plain rond, de trois cannes de levation sous clef.
- PLUS couvrira lesdites voûtes et meurs avec tuiles a canal sur bon mortier de trois pans de pante par canne.
- PUS parera le restant de ladite église de même façon de celui qui est fait et rendra le tout de niveau avec un degré de pierre de taille de la largeur du coeur et un autre sous le marche pied.
- PLUS fera une cloison avec plancher bois sapin avec sa porte, bandes et serrures pour faire une sacristie de six pans de large derrière l'autel, enduira et blanchira l'entière église au dedans crépira les dehors a pierre vue, plus fera une porte de bois sapin doublée liteaux au tour bandes gonds et serrure.
- PLUS une balustrade de bois noyer avec balustres tournés d'Uzès et a pied de moulure, le tout de trois pans de hauteur ou environ avec une porte au milieu d'icelui de trois pans de large attachées avec fiches et un loquet fait pour fermer icelle.
- PLUS seront faites deux fenêtres a la nef au mur du midi de trois pans et demi d'auteur sur un pan et demi de large avec les évasements nécessaires, savoir du tiers de l'épaisseur du mur par le dehors et du restant au-dedans et garnira lesdites fenêtres avec vitres et doubles verges de fer dedans et dehors d'un pan de distance d'une verge a l'autre.
- PLUS fera ledit entrepreneur la démolition du mur qui est au milieu de la nef et tous les autres nécessaires et transportera le clocher plus haut qu'il n'est a présent et a proportion de la susdite hauteur du couvert et tout les matériaux portes et autres dépouilles lui appartiendrons et pourra aussi se servir de tous les autres matériaux qui sont sur le lieu.
- PLUS baissera le terrain devant la porte en telle sorte qu'il soit plus bas que le pavé de l'église donnant aux eaux pluviales l'écoulement nécessaire par l'endroit qui lui sera plus commode. Se pourra servir ledit entrepreneur de tous les communaux de même que les habitants dudit lieu de Fons sur Lussan et finalement fera ledit entrepreneur bien et dûment selon l'art tous les susdits ouvrages pour mettre la susdite église a sa perfection fera place nette.

Ledit entrepreneur a promis faire les travaux et réparations conformément aux susdits articles pour et moyennant le prix et somme de six cent cinquante livres (…) Lesquelles réparations ledit entrepreneur a promis et promet rendre faites et parfaites dans l'année (…)

Cette somme, de 650 livres, sera réglée en sept versements suivant l'avancement des travaux (1 livre vaut 20 sols, 1 sol vaut 12 deniers).



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Les camisards saccagent l'église



La révocation de l'Edit de Nantes par Louis XIV signifie qu'il ne reste en France que la religion catholique. La minorité protestante, encore assez nombreuse malgré les brimades et les persécutions antérieures entre en rébellion. Notre région sera au cœur de cette révolte dite " Guerre des Camisards" emmenée par Jean Cavalier. Fons en paiera le prix fort fin 1702, comme le rapporte Henri Bosc dans le tome 1 de son remarquable ouvrage "La guerre des Cévennes". "Le jeudi 7 décembre 1702 ils furent à grand bruit à Fons sur Lussan au nombre de 4 à 500. Ils brulerent de nuit l'église et 3 maisons, ils tuerent Jean CLAVEL maitre d'école et blésserent griévement Denis TERRAUBE qui "fit le mort" et 2 anciens catholiques. Ils attacherent 2 autres hommes à des arbres. Ils incendierent la maison d'Antoine CARME du CLAUX capitaine réformé au régiment de Soissonnais.
Ils allerent au presbytere et éparpillerent la belle bibliotheque du curé Charles de NARBONNE Sieur de POMARET, il y avait des ouvrages du prieur précédent François MARTIN. Les documents et les meubles furent consummés. Ils s'emparerent de Simon ASTIER et de ses armes, ils le trainerent (avec J. CLAVEL) devant l'église et les frapperent mortellement. Les registres de la paroisses vieux de plus de un siecle disparurent dans l'incendie".

Dans ses mémoires Cavalier chef des camisards justifie ces nombreuses attaques de paroisses afin de "réquisitionner" les armes des catholiques. Il ne mentionne pas l'expédition de Fons sur Lussan. Est-ce l'œuvre ou de la seule initiative de François Gueydan, lieutenant de Cavalier, originaire de Fons?
Plus tard, à une date inconnue le curé de Fons sur Lussan, Charles de Pomaret fait supplique, à M. de Lamoignon intendant du Languedoc, afin de se faire indemniser des préjudices subis en cette journée du 7 décembre 1702. M. l'Intendant adhère à cette demande et ordonne la vérification des faits et l'estimation des dommages, le 8 mai 1705.
Est désigné à cet effet Louis Champetier notaire royal de Rivière et juge en la vicomté de Theyrargues. M° Champetier fait convoquer, pour le 25 mai 1705, par M. Boisset huissier d'Auzon: Messieurs Paul Brahic et Simon Astier de Fons pour témoigner des faits survenus le 7 décembre 1702.

Simon Astier dépose de la manière suivante:


"…..qu'à cause de la quantité des murtres que les rebelles fanatiques faisoient led(it) Sr Pommaret ayant été obligé de s'ales refugier ailleurs au commencement du mois de decembre une troupe de ces malheureux étant venus de nuit aud(it) lieu de Fons faisant grand bruit ils auroient fait ouvrir la porte du depozant luy auroient enlevé ses armes et l'auroient attaché avec quelques autres habitants anciens catoliques les auroient menez à l'église où etant ils auroient brizé la porte avec le tabernacle et brulé le tout avec tous les bans ornements livres et papiers et ensuite auroient tué le maitre d'école et le nommé Jean Clavel et blesserent a mort le nommé Denis Terraube lequel ayant fait le mort ce seroit garanti et auroit resté un fort long-temps à Lussan et a Uzés pour se faire panser et quelques jours apres les rebelles étant revenus aud(it) Fons, ils auroient été dans la maison presbiterale et apres qu'ils furent partis le depozant avec quelques aures h(abit)ants y étant allés verifier les desordres qu'ils y auroient fait ils auroient veu quelque framant de ses papiers ou registres du Sr Pommaret qui bruloient et ils n'auroient rien laissé de ses meubles qu'ils n'eussent enlevés ou brizé ou brulé et plus n'a dit savoir mais ce dessus contenir verité lecture faite de sa depo(siti)on y a presisté n'a sceu signer et n'a voulu taxe de ce enquis".

La déposition de Paul Brahic confirme celle de Simon Astier. Au vu de ces déclarations il apparait:
  • Que le curé de Pomaret était déjà en place avant les événements, alors que certains documents laissaient supposer qu'il fut nommé après, pour une reprise en main de la paroisse!
  • Les camisards sont venus deux fois à quelques jours d'intervalles "… quelques jours apres les rebelles étant revenus aud(it) Fons…"
  • Les camisards ont tué Jean Clavel "ET" le maitre d'école et non Jean Clavel maitre d'école!
Le 27 mai 1705, après avoir prêté serment Messieurs Brun et Chretien, habitants de Rivières, sont nommés experts. Et avec Messire de Pomaret et Maître Champetier, procèdent à l'expertise des dégâts faits en l'église et maison presbytérale de Fons.

  1. 1° Dans l'église de la paroisse Saint Etienne de Fons huit ou dix jours après le départ de Messire Charles de Narbonne sieur de Pomaret curé perpétuel qui fut le 19éme du mois de novembre de ladite année 1702. Les bandits brulèrent le tabernacle doré fort beau tout neuf ayant été fourni par Monseigneur l'évêque. Ledit tabernacle orné d'une couronne, un St Jean un St Paul dans deux niches et les [gredins] de même.
  2. le tableau représentant notre seigneur crucifié et St Estienne patron de ladite paroisse.
  3. un suaire argente tout autour.
  4. un crucifix placé sous ladite couronne.
  5. les malheureux démolirent l'autel qui était massif bâti à pierre et à chaux.
  6. brulèrent les aix qui faisaient la séparation de la sacristie d'avec le presbytère et la poutre qui les tenait.
  7. La pierre sacrée qu'ils brisèrent et mirent en poussière.
  8. Les quatre chandeliers de buis tournoyés
  9. trois chasubles l'une de ligature avec son devant d'autel toute neuve ou peu s'en fallait l'autre de satin comme blanc et la dernière de couleur noire avec leur étoles manipules voiles palles et bourses corporaux et purificatoires trois nappes dont les deux inferieures étaient de cordat et l'autre de St Jean ou de Roüanblanc avec les manutergions ou essuie mains un surplis et bonnet carré avec deux aubes amits et cordons.
  10. Le te igitur l'évangile de St Jean avec le lavabo (2).
  11. Deux missels, deux rituels l'un vieux et l'autre nouveau de chacun avec un livre de toutes les épitres et évangiles de l'année en Français.
  12. Les crémières d'étain avec les ampoules pour les Stes huiles gravées et façonnées.
  13. Le vase de cuivre contenant l'eau baptismale d'environ deux pots avec son couvercle.
  14. la croix de cuivre doré ou laiton pour les processions.
  15. Deux fanaux de fer blanc pour accompagner le St Sacrement.
  16. Ils brulèrent le balustre la chaise servant au célébrant marche pied de l'autel bois noyer et tout ce qui était combustible bancs et autres sièges servant au public brisèrent le bénitier de pierre et en un mot ils exercèrent tout ce que leur rage et fureur infernale leur suggéra pour rendre ladite église dans l'état pitoyable qui parait encore.
Etat de la maison presbytérale.
  1. les bandits brulèrent ou pillèrent une si grande quantité de livres qu'il serait du tout impossible d'avoir la mémoire de leur intitulation mais il est sûr et constant que le Sr curé aurait mieux aime perdre cinquante écus car non seulement il y avait les siens en particulier mais encore ceux qui lui avoient été laissés par feu messire François Martin son prédécesseur dont ledit Sr de Pomaret est resignataire et héritier universel sous bénéfice d'inventaire.
  2. Tous les parchemins latins et Français titres de la cure de grande considération puisqu'ils donnaient audit curé la quatrième portion de la juridiction de ladite paroisse qui a été usurpée tant au Sr prieur qu'audit curé.
  3. Une garde robe de sapin avec tout le linge dudit Sr curé.
  4. Divers vases pour l'huile ou pour autres usages.
  5. Plus un lit tout garni et de plus un tour de lit rouge vieux un razieul blanc vieux.
  6. Une chaise de commodité tapissée avec une douzaine d'autres garnis de saigne.
  7. Une table bois noyer avec son tiroir et tapis de Turquie.
  8. Un miroir
  9. Toute la batterie de cuisine propre a un curé compris une paire de chenets de laiton et une autre de fer avec sa provision de verres et bouteilles ou sa vaisselle.
  10. Un tonneau tout neuf plein de vin.
  11. Une malle ou était lesdits parchemins et les autres papiers qui étaient audit garde robe.
  12. plus les registres de ladite paroisse depuis plus de cent ans plus deux coffres de sapin avec un autre bahut.
Et plus de deux mil sarments, les poutres de la cave qui soutenaient les tonneaux plus ses pigeonneaux, tout ce dessus.
Et contenant vérité sauf les omissions.
Je certifie l'état ci dessus véritable.
DEPOMARET
Il a été omis a ce dessus un surplis et un bonnet carré, plus un miroir.
DEPOMARET.
L'état ci-dessus a été affirmé par serment par-devant Mr Champetier commissaire par le Sr de Pomaret
Le 27éme mai 1705
CHAMPETIER commissaire


Les ravages subits par l'église l'ont rendue impropre aux offices et sacrements jusqu'au mois d'aout 1706 (baptême à Lussan de Jean Baptiste Astier le dimanche 8 aout 1706). Elle fut "réconciliée" avant le dimanche 19 septembre 1706 (baptême de Magdeleine Plaisse)
En 1730 lors d'un différant entre Denis Terraube et les consuls de la communauté de Fons nous apprenons ce qui est advenu à D. Terraube après cette tragique nuit du 7 décembre 1702.


" Supplie humblement Denis Teraube habitant du lieu de Fons sur Lussan diocèse d’Uzès vous remonstre que lors des troubles des fanatiques il estoit sergent de la milice bourgeoise et ayant eut le malheur d’etre pris par les rebelles receu vingt cinq coups de bayonnette et resta sur la place mais heureusement ses blessures n’ayant pas esté mortelles il revint en santé après deux années de maladie qui consommèrent généralement tout le peu du bien qu’il avoit. Feu Monseigneur Poncet évêque d’Uzès pour lui donner moyen de subsister le nomma esconome de son séminaire ou il a resté 26 ans et jusqu’en l’année 1730 que les habitants du lieu Fons l’ayant demandé pour précepteur la petite jeunesse, il fut approuvé par Mr de St Jals alors évêque d’Uzès [….. ] "

Charles Narbonne de Pomaret fait son testament le 22 mars 1718, il décède le 19 octobre 1719 â l’âge de 75 ans. Il est remplacé par le curé Vincent.
Après quelques intérimaires, Messire Chauchard officiera en tant que curé perpétuel, pendant presque quarante ans, d'octobre 1721, jusqu'en février 1761.
Après quelques intérimaires du curé de Bouquet, Messire Charre officiera de janvier 1763 jusqu'à la révolution.


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L'église et le clergé sous la révolution

Après les troubles « Cévenols » du début du XVIIIeme siècle, la révolution fût un autre traumatisme qui agita les populations de confessions différentes.
La Révolution Française a créé des divisions immédiates et durables entre les partisans des idées révolutionnaires et les défenseurs de l'ordre ancien, et aussi entre les anticléricaux et l'Église catholique.
Les biens du clergé sont nationalisés "La Constitution civile du clergé" transforme les membres du clergé en fonctionnaires salariés par l’État. Les membres du clergé séculier sont désormais élus et doivent prêter un serment dans lequel ils s'engagent à accepter et protéger la nouvelle organisation du clergé. Ce que fera le curé Louis CHARRE le 20 janvier 1791, par procès verbal retranscrit sur le registre des délibérations.


"L’an mille sept cent quatre vingt onze et le vingtième jour du mois de janvier au lieu de Fons sur Lussan Mr Claude Louis Charre curé dudit lieu ayant désiré de donner des preuves du vrai patriotisme dont il est animé et de sa parfaite soumission aux lois régénératrice de cet empire entre autres à celle du 27 novembre 1790 acceptée par le Roi le 26 décembre suivant et relativement aux dispositions contenues dans l’article troisième de la même loi se concerta jeudi dernier avec les officiers municipaux la mairie étant vacante, pour arrêter le jour auquel il était dans l’intention de prêter le serment prescrit à tous les ecclésiastiques fonctionnaires publics dans l’article premier décret cité, lequel jour fut arrêté et fixé à ce jourd’hui dimanche, suivant la déclaration qu’il en fit par écrit au greffe de la municipalité en conséquence ledit jour convenu après la célébration de la messe en présence de tous les citoyens, de la garde nationale dudit lieu et du conseil général de la commune, convoqués et assemblés dans l’église de la paroisse, à ce sujet, après un discours qui édifia tous les assistants ledit Mr Charre curé proféra à haute voix et prêta le serment de veiller avec soin pour les fidèles de la paroisse qui lui est confiée ; d’être fidèle à la nation, à la loi et au Roi et de maintenir de tout son pouvoir la constitution décrétée par l’assemblée nationale et acceptée par le Roi ; en foi de quoi, il a signé le présent procès verbal avec tous les membres du conseil général de la commune, lequel procès verbal a été rédigé et signé en deux originaux dont l’un restera déposé dans les liasses du greffier de la municipalité et l’autre sera adressé au Directoire du District d’Uzès et ont signé."

La république a décidé de nouveaux découpages administratifs en particulier des "circonscriptions paroissiales". Le directoire du district d’Uzès est sur le point de rattacher les communes de Fons, Méjannes et Vallérargues à la circonscription paroissiale de lussan. Les habitants de ces trois communes se réunirent à Fons le 31 mars 1791 pour contester ce choix et argumenter en faveur de Fons.

Le premier point abordé dans le procès verbal de cette assemblée, dénonce le non respect de l'article 17 de la loi du 12 juillet 1790, en particulier cette décision non négociée. "les circonscriptions des paroisses doivent considérer les vrais besoins du peuple la dignité du culte et la convenance des localités, et les Directoires de District, doivent charger les municipalités de chaque canton, de leur envoyer toutes les instructions et tous les éclaircissements nécessaires sur la convenance des suppressions et unions à faire dans leur territoire et aux environs".

Le second point fait le des habitants de ces quatre communes: "Fons compte 400 âmes dont 200 catholiques. Lussan, hors les hameaux, compte 300 âmes dont seulement 95 catholiques. Vallérargues et les hameaux Audabiac, Valcroze, Diziers, le Roux, Lauron, Beth, Malataverne, Allègre, Darasse, la Lèque, Vendras, Crouzet et Rossières ou Lussan serait central compte seulement 2 maisons de Catholique sur un total de 155. A contrario les hameaux proches de Fons : la Calmette, la Fon des Ors et Baron ne comportent que quatre maisons mais toutes catholiques".

Le troisième point aborde l’accès : pour se rendre de Fons à Lussan il y a une lieue (4 km) et il faut traverser une rivière presque toujours impraticable pendant l'hiver, à moins de faire un détour de un quart de lieue supplémentaire.

Et de terminer ce procès verbal :
En conséquence le conseil général de la commune de Fons, soussigné a délibéré qu’il serait fait trois copies des présents procès verbal et délibération dont une sera adressée à M. M. les administrateurs composant le Directoire du district d’Uzès, l’autre à M. M. les administrateurs composant le Directoire du département du Gard et l’autre à M. l’Evêque du même département, qu’ils seraient priés d’y avoir égard et de donner leur adhésion et approbation à la circonscription proposée pour former la paroisse dudit Fons dont le plan ne saurait être conçu d’une manière plus conforme aux vrais besoins des peuples, à la dignité du culte et à la convenance des localités bien différent en cela du projet proposé par Lussan lequel ne réunit aucun des avantages ni aucune des convenances que la loi prescrit.
Nous verrons plus loin que cette demande n'eut pas de suite.

La défense de la patrie contre la Prusse, l'Autriche et les contre révolutionnaires, coute cher, l'état à besoin d'argent et de matières premières, il réquisitionne les métaux pour la fabrication d'armes et de munitions.

30 janvier 1794.

"Ce joud’hui onzième de pluviôse l’an second de la république une et indivisible, la municipalité de Fons sur Lussan a communiquer, au citoyen Charre curé dudit lieu, un avis de l’administration du district d’Uzès portant invitation aux municipalités à envoyer au district : les chandeliers et autres objets en laiton cuivre etc. pour être convertis en canon, et portés aux fonderies nationales. D’après la lecture de cet avis ledit citoyen Charre a délivré à la municipalité six chandeliers laiton, dont deux ont leur bobèche les quatre autres en manquant, et pèsent ensemble 34 livres que la municipalité a retirés et le tout ce dessus a été dressé le présent verbal dont expédition sera remise audit curé pour lui servir de décharge et un autre au district pour retirer un récépissé le délivrant des susdits chandeliers. Et ont les maire et officiers municipaux signés avec l’agent national.
Par supplément plus nous avons trouvé dans ladite église de Fons après en avoir fait la visite :
1° Une croix d’hôtel laiton.
2° Une autre croix servant pour l’enterrement des morts aussi en laiton.
3° Un bénitier portatif en laiton et portée en cuivre.
Le tout pesant ensemble huit livres et un quart. Desquels articles nous avons donné audit curé la décharge et s’en trouve déchargé par le présent supplément qui sera envoyé comme les autres six chandeliers au Directoire du District d’Uzès pour en retirer un récépissé le tout conformément au verbal dressé ce dernier à Fons canton de Lussan le douzième pluviose l’an second de la république Française une et indivisible.
4° L’argenterie et autres effets ont été portés au district par Jumas et Taulelle qui ont l’inventaire".


Début 1791 le curé Charre prêtait serment à la république, ce 6 ventôse de l'an II (24 février 1794) il ira encore plus loin puisqu'il "démissionne" de sa fonction de curé en ces termes:

"Citoyens magistrats je viens vous déclarer que j’ai cessé d’exercer les fonctions sacerdotales publique et particulières qui me regardaient en qualité de curé et que je rentre en la classe générale des citoyens français, veuillez bien citoyens me donner acte de cette déclaration. Vrai citoyen je suis tout à ma patrie, mes vœux les plus ardents et mes efforts tendrons toujours au bonheur de ma patrie et au soutien de la république une et indivisible.
Le maire lui a répondu :
Le conseil voit avec la plus vive satisfaction que grâce aux progrès de la philosophie, les français n’auront désormais d’autre culte que celui de la raison et de la vérité, la renonciation que tu fais est la plus grande preuve que tu puisse donner à la commune de tes sentiments civiques".


L'église devient le temple de la raison


L'église devient le temple de la raison "Du dix neuf ventose l’an second de la république (9 mars 1794) une et indivisible dans la maison commune de Fons sur Lussan assemblés en conseil général séance publique en permanence présent l’agent général.
Le conseil général considérant que pour s’élever à la hauteur des circonstances il faut enfin extirper jusqu’au racines du fanatisme le seul intérieur qui resta à combattre qu’il faut partager avec les bons républicains dont cette commune se fait gloire d’avoir toujours fait partie le principe des autres communes qu’une philosophie raisonnable à apporter à secouer le joug des préjugés après avoir entendu l’agent national le conseil à unanimement délibéré que la commune fait offrande à la république de l’argenterie de la ci-devant église dont l’envoy sera fait au district de même que des métaux qui peut y avoir, ou cuivre, laiton dont l’envoy n’a pas été fait.
2° Que la commune renonce au culte public pour invoquer celui de la raison.
3° Quelle consacre dès aujourd’hui au culte de la vérité et de la raison le bâtiment ou s’exerçait le ci-devant culte catholique.
4° Que d’hors en avant les lois qui parviendront à la municipalité seront lues aux citoyens chaque décadi, et que l’explication leur en sera faite.
5° Le conseil a unanimement délibéré que la municipalité se transportera à la ci-devant église et que tous les effets qui y seront enlevés et portés a qui l’administration en décidera, et que les bancs qui s’y trouveront et autres planches seront arrangés de manière à servir de chaises à la société populaire qu’il sera demandé à l’administration de nous autoriser à garder notre cloche pour y faire attacher un cadran pour indiquer aux patriotes de la commune l’heure qu’il faut se lever pour faire mordre la poussière aux malveillant s’il arrivait qu’il osassent tenter à l’indivisibilité de la république. Les citoyens de Fons espèrent que l’administration voudra bien lui accorder sa demande de la cloche qui est d’une petite valeur, qu’il leur sera d’une grande nécessité pour le service de la commune qu’un verbal sera dressé de tous les objets provenant des cultes auquel effet le conseil nomme le citoyen Simon Saussine notable pour porter expédition de cette délibération à l’administration du district d’Uzès la montagne [……]."

"L’an second de la république Française et le cinq prérial (24 mai 1794) dans la maison commune de Fons sur Lussan assemblés en conseil général […..] et Simon CHAZEL agent national.
L’agent national a remis sur le bureau un arrêté du représentant du peuple BORIE en datte du 24 floréal quy autorise la municipalité a ériger la ci-devant église de ce lieu en temple à la Raison et a disposer de la maison cy devant presbitérale en ce conformant à la loy du 25 brumaire dernier quy en détermine l’employ en requiert l’enregistrement et que le conseil prene a cet égard les mesures convenables.
Le conseil après la lecture dudit arreté dont la transcription et enregistrement sera cy après. A délibéré unanimement que dès aujourd’hui la cy-devant église catholique sera destinée a l’erection du temple à la raison en conformité de la délibération du 19 ventose dernier autorisée par le susdit arreté. A délibéré encore que conformement au décret du 25 brumaire dernier la maison cy-devant presbytèrale sera destinée dès aujourd’hui pour subvenir au soulagement de l’humanité soufrante à la tenue des assemblées de commune et pour le logement d’un instituteur. Arrete en conséquence que les réparations d’entretien seront à la charge de la commune.
La municipalité ayant fait passer au district l’argenterie laiton et ustensiles de la ci-devant église suivant les états tenus a cet effet."


Plus tard, la terreur passée, Napoléon Bonaparte est aux affaires il réorganise l'état, les administrations, il reconnaît le catholicisme comme la religion "de la majorité des Français", et non plus comme religion d’État. Le 16 aout 1806 le maire peut écrire sur le registre des délibérations:

"Le maire de la commune de Fons sur Lussan, ayant fait publier avant-hier au soir 14 du courant la fête de Saint Napoléon et celle du rétablissement de la religion catholique en France qui devoient être célébrées dans toute l’étendue de l’Empire le 15éme aout de chaque année jour de l’assomption et l’époque de la conclusion du concordat. Ladite fête ayant été célébrée dans toute la pompe la plus religieuse qui a été possible à tous les habitants de ladite commune. La plus grande partie des individus professant le culte catholique se transportèrent dans la commune la plus voisine pour y entendre la messe et après l’avoir entendue certaines personnes emmenèrent dans ladite commune dudit Fons le prêtre desservant l’église (* succursale) du canton de Lussan pour dire les vêpres et après lesdites vêpres ont fit une procession et ensuite après la rentée on chanta un te Deum solennel. A l’égard des individus professant le culte réformé, célèbrent ladite fête et firent des prières en actions de grâce pour l’anniversaire de la naissance de l’Empereur et de tout ce dessus avons dressé le présent que nous avons signé avec notre adjoint et notre secrétaire le même jour et an ci-dessus."
Cette transcription confirme le rejet de la requête, du 31/12/1791, du souhait que Fons soit érigée en succursale et non point rattachée à Lussan.

Avec opiniâtreté les habitants catholiques effectuèrent régulièrement des démarches afin que Fons retrouve un curé à demeure.
Le 1er février 1810

Vu le susdit arrete et d’après l’invitation que Monsieur le maire a faite aux habitants catholiques pétitionnaires sur la demande en érection d’annexe se sont présenté et ont comparus les nommés Jean FERRAUD, Pierre COMBE, Jean TAULELLE, Claude REINAUD, Pierre CLEMENT, Jean MICHEL, Jean CHALVIDAN, André PELLET, Nicolas BRAHIC, Pierre CHABRIER, Jean DOUCHE au nombre de 14 signataire dénommés dans la pétition.
Lesquels après avoir pris une entière connaissance par eux même ou par la lecture qui leur en été faite du susdit arrêté et en conformité à icelui ils ont fait leur soumission et inscription de payer personnellement, et d’après la a répartition de chacune qui en sera faite sans néanmoins être tenus a aucune solidarité, au vicaire pour son traitement, la somme de trois cents francs annuellement, laquelle soumission et pour le temps fixe de deux années seulement ensemble ils se chargent et s’obligent l’entretien de l’église de fournir le logement et jardin au vicaire attendu qu’il n’y à point de disponible à la commune de fournir les vases sacrés, les ornements et généralement tout le mobilier nécessaire à l’exercice du culte et ont lesdits pétitionnaire signé leur présente obligation et soumission.

Cet arrêté est peut être un début à leurs espérances.

Neuf années plus tard le dossier en êtait toujours au même point

"Ce jourd’hui 17éme décembre 1819.
….. M. le maire disposé à donner tous ses moyens pour ce qui intéresse le culte catholique à déposé sur le bureau une pétition de plusieurs habitants de cette commune professant le culte catholique adressé à M. le préfet tendant à obtenir la création d’une succursale cette pétition renvoyée au conseil par M. le sous préfet d’Uzès afin qu’il soit délibéré sur cette demande a été soumise par M. le maire à son examen.
Le conseil après avoir pris connaissance de ladite pétition a considéré :
1° que la population de cette commune se porte à 360 âmes dont moitié catholique, moitié protestante.
2° que la distance de Fons à Lussan est de 5 kilomètres (une lieue ancienne) et mauvais chemin.
3° que l’église n’a pas été aliénée.
Qu’en conséquence le conseil est d’avis que M. le préfet soit prié de faire accueillir leur demande entendant cependant que la commune ne soit en aucune manière tenue de concourir à aucune dépense vu qu’elle est dépourvue de tout fonds communaux et les habitants surchargés d’imposition. Et ont les délibérants signé."


Après une dernière demande le 10 aout 1845, leur vœu est enfin exhaussé le 30 mars 1846: M. le sous Préfet écrit au Maire de Fons: " …que par ordonnance Royale du 20 février dernier, l'église de votre commune a été érigée en succursale et que cette circonscription embrasse le territoire des communes de Fons et Méjannes le Clap…"


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Restructuration de L'église

et

Construction d'un temple

Au recensement de 1846 : la commune est composée de 557 habitants, et pour la première fois à majorité catholiques : 285 contre 262 protestants. L’église est trop petite pour contenir l’ensemble de ses paroissiens et il n’y a pas de temple pour les habitants de confession protestante. C’est probablement dans ces années que l’idée se fait jour d’agrandir l’église et de construire un temple.

Le 22 décembre 1848 sera le point de départ officiel de ce projet lors d'une réunion du conseil municipal qui alloue 5000 Frs pour l’agrandissement de l’église et 5000 Frs pour la construction d’un temple, ces deux projets seront menés de front et avec un maximum d'équité entre les deux cultes. Ces sommes sont prises sur les revenus provenant de la vente de coupes de bois pour cette année 1848.

La construction d’un temple décidée : M. Etienne AUSSIGNARGUES propose une parcelle de
" terrain qu’il possède au quartier de Fontronière"

Le 21 janvier 1849 le conseil municipal: "Est d’avis à l’unanimité qu’il y a lieu d’acquérir cette parcelle pour la somme de 900 Francs Prix qui a été fixé par Messieurs GUEIDAN Antoine Siméon et BRAHIC Jean Nicolas désignés experts pour estimer le prix de cette parcelle".

Le 25 février 1849 le conseil municipal étudie un devis du 16 février présenté par M. MAUPHAN architecte à Alais, choisi pour la construction du temple. Ce devis s’élève à la somme de 10 700 Frs.
A l’unanimité le conseil municipal:
1° Approuve les plan et devis présentés.
2° Finance le projet de la manière suivante :
Au débit: 11610 Frs se décomposant en 900 Frs pour l’acquisition du terrain et 10700 Frs pour la construction du temple.
Au crédit : 5000 Frs alloués par la commune sur la vente de bois, 4018 Frs provenant d’une souscription faite auprès des habitants de confession protestante, 2592 Frs de subvention demandée au gouvernement, le tout faisant un total de 11610 Frs.



A la même séance du 25 février 1849 le conseil municipal étudie un devis du 2 février présenté par M. BEGUE architecte à Uzès choisi pour l’agrandissement de l’église. Ce devis s’élève à 6993,24 Frs. Mais sur ce devis ne sont pas chiffrées "autres réparations à faire tant à la sacristie qu’au clocher que les fonds communaux n’ont pas permis d’en parler dans les plans et devis".
A l’unanimité le conseil:
1° Approuve les plan et devis présentés.
2° Finance le projet de la manière suivante :
5000 Frs alloués par la commune sur la vente de bois, 2028 Frs provenant d’une souscription faites auprès des habitants de confession catholique, 2592 Frs de subvention demandée au gouvernement. Le tout faisant 9620 Frs couvrant le devis de M. BEGUE et les réparations non prévues au devis.



Le 25 juin 1849 le conseil municipal vote une somme de 100 Frs "pour être affectés à la construction d’une croix au vœu des habitants catholiques de cette commune" en remplacement "d’une ancienne croix en bois ruinée par l’intempérie des saisons", située à proximité du terrain cédé par Etienne AUSSIGNARGUES, les représentants des deux cultes sont d’accord pour le déplacement de cette croix.
(Il s’agit probablement de la croix se trouvant actuellement près de l’église coté place de l’horloge).

Le 21 septembre 1849 conseil municipal réuni, étudie un devis présenté par M. BEGUE s’élevant à 4165,35 Frs. Les premiers plan et devis des travaux à effectuer à l’église sont incomplets : n’ont pas été pris en compte la construction du clocher et de la sacristie.
Le nouveau budget pour la transformation de l’église se décompose donc comme suit :
Au débit: 11158,59 Frs: 6993,24 Frs pour le premier devis et 4165,35 Frs pour les travaux au clocher et à la sacristie.
Au crédit :
5000 Frs alloués par la commune sur la vente de bois, 2028 Frs provenant d’une souscription faites auprès des habitants de confession catholique, 750 Frs provenant du rabais fait par l’entrepreneur sur le premier devis et 3380,59 Frs de subvention demandée au gouvernement, le tout faisant un total de 11158,59 Frs.
A la même séance du 21 septembre 1849, M. le maire expose au conseil municipal :

"1° le devis de la construction du temple porte que le sable nécessaire à sa construction sera pris : une partie à la rivière d’Auzon et l’autre partie dans les carrières situées aux environs de Fons. Il a été reconnu que le sable pris dans le voisinage était trop mauvais et que des ordres avaient été donnés par MM. Le maire et architecte pour que tout le sable fut pris exclusivement dans la rivière d’Auzon ou du moins que celui qui serait porté sur le chantier fut a peu près équivalent à celui de cette rivière.

2° que le projet présentait des angles droits aux 4 coins mais que l’emplacement étant exigu et environné du chemin vicinal de Fons à St Ambroix ou d’autres chemins communaux et afin de ne point gêner la voie publique ces angles ont été effacés pour etre remplacés par des pans coupés aux 4 coins, construits en pierre de taille et qu’il serait continués de la même manière jusqu’à la génoise afin d’augmenter la solidité de l’édifice.

En 3éme lieu M. le maire a exposé avec l’avis de l’architecte que le devis porte que la génoise sera construite en entier en forme de corniche avec de simples repères en pierre de taille et qu’il conviendrait beaucoup pour le support du clocher de faire au moins tout le fronton de la façade principale en entier en pierre de taille quant au surplus il n’y a pas le même inconvénient et il peut s’exécuter tel que la projet le présente".

Le conseil municipal approuve ces modifications

Le 13 octobre 1850 les travaux d’agrandissement de l’église sont achevés M. le maire présente au conseil un procès verbal de réception et règlement de compte de toute nature des travaux exécutés par le Sieur Vincent BOISSON maître maçon.
"Le conseil après avoir examiné le procès verbal a reconnu que tous les travaux prévus ont été entièrement exécutés et est d’avis que réception en soit faite.
Vu que par ce même procès verbal il reste une somme à payer de 1555, 39 Frs et que les fonds alloués pour ce travail se trouvent déjà épuisés.
Les fonds alloués pour la construction du temple protestant sont aussi épuisés et que faute de fonds les travaux se trouvent suspendu depuis environ 2 mois.
Le conseil vote une somme de 3000 Frs à prendre sur les fonds disponibles de la commune pour être partagés entre les deux cultes : savoir 1500 Frs pour payer les travaux de l’agrandissement de l’église et 1500 Frs pour la continuation des travaux du temple".


Le 17 février 1851 le conseil délibère d’une demande de secours de 4000 Frs pour couvrir le coût de travaux supplémentaires effectués ou à effectuer pour la construction du temple, suivant le devis dressé par M. AUPHAN architecte le 25 juillet dernier "desquels il résulte que pour établir cet édifice et parer à diverses difficultés on a été obligé d’exécuter des travaux indispensables et opérer dans un but d’une plus grande utilité quelques changements ce qui a occasionné une augmentation de dépense justifiée par le détail inséré au susdit devis : s’élevant à la somme de 5040 Frs".

Le 17 août 1851 M. le maire soumet au conseil municipal le procès verbal de règlement des travaux exécutés par M. DUPOUX à l’église en vertu de l’adjudication qui lui a été consentie le 14 avril 1850 s’élevant à la somme totale de 4134,85 Frs sur laquelle il lui a déjà été payé 3238,20 Frs en sorte qu’il lui reste dû la somme de 996,65 Frs.
Le conseil municipal, reconnaissant que ces travaux ont été convenablement exécutés, déclare les approuver et alloue la somme de 996,65 Frs.

Le 17 août 1851 M. le maire expose au conseil municipal que divers travaux supplémentaires reconnus indispensables avaient été exécutés à l’église. Ces travaux ont été réglés par l’architecte pour la somme de 855 Frs.
Le conseil municipal alloue sur les fonds libres de la commune un crédit de 855 Frs pour faire face à leur paiement.

Le 17 août 1851 M. le maire expose que le Sieur Vincent BOISSIN adjudicataire des travaux primitifs de l’église a formé une demande tendant à obtenir le paiement d’une somme de 41,55 Frs provenant d’une erreur d’addition faite à son préjudice dans le règlement de ses travaux.
Après vérification le conseil municipal, alloue par supplément au budget de l’exercice courant un crédit de 41,55 Frs.

Le 17 août 1851 M. le maire expose ensuite:
"que lors de la construction de l’église une souscription pour aider la commune au paiement des travaux avait été consentie par les fidèles catholiques. Que divers souscripteurs avaient souscrit pour des travaux en nature qu’ils devaient exécuter eux-mêmes, mais quelques uns d’entre eux n’ayant pas exécuté ces travaux en ont payé le montant en argent, qu’il importe dès lors de voter un crédit pour en effectuer le paiement en faveur de l’église".
En conséquence le conseil municipal alloue la somme de 40,50 Frs pour faire face au paiement d’un banc de fabrique.

Le 15 février 1852 M. le maire soumet au conseil municipal la lettre de M. AUPHAN architecte tendant à modifier le second plan du clocher du temple protestant d’après devis et la commission chargée des bâtiments.
Le conseil à l'unanimité approuve la modification du susdit plan.

Le 14 novembre 1852… M. le maire expose au conseil municipal:
- que par suite de la construction des édifices religieux l’église et le temple la commune se trouvait grevée depuis bientôt 2 ans d’une dette de 3851,65 Frs dont 1851,65 provenant des derniers travaux exécutés à l’église et 2000 Frs provenant des derniers travaux exécutés au temple qu’il était du devoir et de l’intérêt de la commune non moins que ????? d’acquitter au plutôt la dette susdite au moyen des ressources qui viennent d’être récemment acquises à la caisse municipale par la vente de ses bois.
- En outre M. le maire a fait remarquer que l’église et le temple n’ayant pu encore être définitivement consacrés à l’exercice du culte faute de certaines réparations ou de certains objets intérieurs tels que pour l’église par exemple : autels, fonds baptismaux etc.. Il importait d’aviser à l’entier achèvement de ces deux édifices le plus promptement possible en votant à cet effet tous les fonds disponibles en dehors des besoins ordinaires de la commune.

Afin de pouvoir solder ces dernières dépenses le conseil municipal propose de partager à part égale entre les deux cultes une somme de 6000 Frs.
L’emploi de ces sommes sera supervisée par M. le Maire assisté d’une commission de composée de 4 membres, MM. CHAZEL, GUEIDAN, COMBE et CHALVIDAN, à laquelle sera adjoint MM. BLANC curé et GARDE pasteur.

Le 29 mai 1853…. M. le maire communique au conseil municipal une délibération du conseil de fabrique qui fait remarquer qu'il a été alloué deux subventions de 2500 Frs pour la construction du temple, alors qu'une seule subvention de 2500 Frs avait été accordée à la restructuration de l'église. Le conseil de fabrique souhaite que le conseil municipal demande une seconde subvention de 2500 Frs, afin d'obtenir une stricte égalité entre les deux cultes.
Le conseil municipal accède à leur demande, et délibère:
1° qu’une partie de cette somme soit affectée à l’acquisition et déblaiement d’une vielle maison qui masque très désagréablement la belle façade de l’église il n’existe qu’une distance de 1,90 mètre cela est si vrai a dit M. le maire que tous les étrangers qui visitent notre commune et notamment l’honorable M. de ROBERNEU membre du conseil général pour notre canton sont étonnés que l’administration locale tolère un tel état de choses. 2° J’émets le vœu que l’excédant de l’allocation demandée après l’acquisition faite de la susdite maison, soit affecté à l’acquisition des objets les plus urgents relatifs au culte catholique selon qu’il est énoncé dans la délibération ci-jointe du conseil de fabrique(3) et conformément au devis estimatif dressé par le bureau des marguillers.


Le 13 novembre 1853 M. le maire communique au conseil municipal le procès verbal de réception des travaux du temple et fait remarquer qu’il était du devoir de l’administration municipal d’approuver ces travaux le plutôt possible dans l’intérêt de l’entrepreneur, des ouvriers et des fournisseurs.
Néanmoins a dit M. le maire tout empressé que je soit de solliciter votre approbation, je dois la vérité et il est de mon devoir pour mettre à couvert toute ma responsabilité de porter à la connaissance de l’autorité supérieure certaines mal façons que le procès verbal de réception passe _________ et qui me paraissent néanmoins compromettre gravement la solidité du temple savoir :
1° Des 10 arcs doubleaux adossés aux murs latéraux et qui d’après le devis auraient dû être en leur plein cintre se trouvent être des arcs rampants ce qui a déjà fait écarter les 2 murs sur chacun desquels s’est ouvert une lézarde de plusieurs centimètres de largeur lesquelles lézardes ont été masquées avec du mortier ou du plâtre. Ce même vice de construction à fait fendre les voutes sur plusieurs points, lesquelles fentes ont été pareillement masquées avec du plâtre.
2° le chapiteau d’une colonne ayant été broyé en majeure partie sous la pression des poids des 4 arceaux que porte chaque colonne. Ordre fût donné à l’entrepreneur de remplacer la moitié du chapiteau écrasé par une autre moitié de pierre de taille. Recommandation expresse me fût adressée par M. GARDE pasteur de ne pas permettre qu’on mis du plâtre au lieu de pierre de taille sur la colonne endommagée, or cette réparation se fît sans que j’en fût prévenu. Les ouvriers s’enfermèrent seuls dans le temple et personne ni architecte, ni maire, ni adjoints, ni conseil municipal n’assistât à cette opération, le chapiteau est (coulé ??) en fer recouvert de plâtre. Il m’est donc impossible messieurs de pouvoir certifié que la susdite réparation soit exécutée comme elle devait l’être, c'est-à-dire conformément aux ordres de l’architecte et comme de la solidité de chaque colonne dépend la solidité de tout l’édifice, je me crois obligé de signaler des défauts qui pourraient avoir les résultats les plus désastreux. Ces observations faites je suis d’avis, messieurs d’approuver le procès verbal de réception que j’ai l’honneur de vous présenter".

Le conseil municipal adopte à la majorité la délibération tendant à approuver:
- la réception définitive des travaux exécutés au temple protestant par le Sieur DUPOUX entrepreneur sous la direction de M. AUPHAN architecte à Alais. - et le solde se portant au chiffre de 1549,53 Frs laquelle somme sera prélevée sur celle de 3000 Frs déjà votée par une délibération en date du 14 novembre 1852.

Le 13 novembre 1853 M. le maire communique au conseil municipal un devis estimatif dressé par M. AUPHAN architecte, relatif à l’ameublement du temple, s’élevant à la somme de 1450,47 Frs, c'est exactement le montant de la différence de la somme de 3000 Frs dégagée le 14 novembre 1852 et la somme de 1549,53 portée au solde des travaux.
Or le Sieur DUPOUX entrepreneur des travaux du temple, adresse une réclamation de la somme de 160 Frs, disant: que par suite de certaines modifications importantes faites dans le plan primitif le métrage des pierres de tailles fournies par lui n’est pas exact à son détriment.
Et un rapport de M. AUPHAN architecte des travaux du temple par laquelle il faisait connaitre qu’une somme de 383,80 Frs pouvait être accordée au sieur DUPOUX adjudicataire desdits travaux et son associé M. CHAZEL Etienne son procureur fondé, en sus de la somme de 1549,53 Frs portée dans le procès verbal de réception.
Le conseil après avoir examiné toutes les pièces relatives à ces demandes et après de mures réflexions a accordé au sieur DUPOUX et au Sieur CHAZEL son procureur fondé la somme de 220 Frs pour le paiement intégral des travaux du temple moyennant laquelle ils ont renoncé tous les deux à toute autre demande en indemnité, et ont signé.
Si bien qu'il reste disponible seulement après avoir acquitté toutes les dettes du temple 1230,47 Frs. Le conseil municipal approuve en partie le devis relatif à l’ameublement du temple c'est-à-dire pour la somme de 1230,47.

Le 13 mai 1855, le conseil municipal vote le paiement de ces 1230,47 Frs à M. Maurice CHASTANIER menuisier de Fons, au vu du procès verbal de réception des travaux du 24 avril dressé par M. AUPHAN architecte des susdits travaux.

Voilà en résumé l'histoire de la construction du temple et de la restructuration de l'église. Les municipalités de l'époque avec à leurs tête, successivement au cours des travaux, MM. CHASTANIER Gabriel Théophile, BORIE Louis et BRAHIC Nicolas, se sont attachées tout au long de cette tache, à traiter et financer avec impartialité l'achèvement de cette réalisation.
Qu'en est-il exactement et quel fût le coût total de cette entreprise?, qui pour ces hommes et cette petite localité dut paraître pharaonique!

Récapitulatif des sommes trouvées dans les délibérations.




(*) Dans la délibération du 14 novembre 1852 il est écrit " … la commune se trouvait grevée depuis bientôt 2 ans d’une dette de 3851,65 Frs dont 1851,65 provenant des derniers travaux exécutés à l’église et 2000 Frs provenant des derniers travaux exécutés au temple…" J'ai donc ajouté ces deux sommes pour retrouver le déficit donné dans cette délibération. Ceci nous fait un point d'étape aux budgets de ces entreprises.


Je n'ai pas trouvé de somme en crédit permettant d'amortir la dette donnée le 14/11/1852!
On aura donc un chiffre approchant, d'une dépense totale de 41267,38 Frs avec un écart de 227,38 Frs en faveur de la restructuration de l'église (soit 0,55%).
Les élus de cette époque peuvent être fiers d'avoir réussi dans leur entreprise en toute égalité entre deux communautés, qui il n'y avait pas encore si longtemps se déchiraient.

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Maison presbytériale


Nous avons vu au chapitre " L'église et le clergé sous la révolution" que les habitants catholiques avaient maintes fois demandé l'érection de Fons en succursale (4). Ils ont gain de cause en 1845. Mais cette érection est assortie d’une clause : " …qu’à la condition expresse de s’obliger eux-mêmes (la population catholique) à fournir de leurs propres deniers le logement de leur desservent.. "

Voyant leur revendication aboutir les habitants catholiques acceptent cette condition sous sein privé avec la commune le 17 août 1845.

Pour satisfaire cette clause ils font une souscription qui rapporte la somme de 1400 Francs. Cette somme ne suffisant pas à l'achat d'une maison, une seconde souscription est lancée, elle rapporte 300 Francs. Au total le fruit de ces souscriptions, permet l’achat à Messieurs Joseph et Philippe LAVIE, frères, d’une maison au prix de 2150 Francs, mais il reste dû 450 Francs.

Une fois l’achat réalisé, ils se groupent et effectuent eux même, réparations et aménagements, pour une valeur estimée à environ 800 Francs, M. le curé peut prendre possession de son logement.

N’ayant plus de possibilité de financement, le 17 août 1851, les habitants catholiques proposent de faire donation de cette maison prebytériale à la fabrique. Le conseil de fabrique ayant peu les moyens se voit dans l'obligation de refuser cette donation. Les propriétaires catholiques demandent à la commune d'accepter cette donation aux conditions:
  • Que cette maison soit exclusivement réservée au logement du prêtre desservant la paroisse.
  • De payer les 450 Francs restants dus avec les intérêts de 5% courant depuis environ 6 ans.
Le conseil municipal accepte cette donation lors de deux délibérations des 17 août 1851 et 29 juin 1852 arguant que l’entretien des bâtiments de cultes était du ressort de la commune, et que cette donation permettait d’acquérir pour 450 Francs une maison estimée à environ 3150 Francs.

Cette donation est officialisée le 31 janvier 1853. Dans l'acte établi par Maître CHALMETON, notaire à Lussan, la maison objet de la donation est décrite de la manière suivante:

"..cette maison située dans l'enceinte du village confrontant du levant FERRAUD, du midi la rue, du nord PLAISSE et GUILHERMET, du couchant les hoirs ROUX.
Cette maison se compose: au rez-de-chaussée de deux caves sous voute, au premier de trois pièces et d'une galerie et de galetats (5) au-dessus de ces trois pièces et enfin d'une cour au-devant de cette maison.
Cette cour sera séparée de l'autre partie de l'ancien château dont faisait la maison donnée par une ligne droite partant du jambage couchant de la partie d'entrée de cette cour et allant à la naissance du mur levant de la montée d'escaliers appartement auxdits hoirs ROUX".

Il est heureux pour les catholiques que tout ai été réglé avant de passer devant le notaire car dans la nuit du 28 au 29 janvier : "…la toiture principale a croulé avec fracas épouvantables a enfoncé les plafonds dont les débris sont tombés sur le lit de M. le curé et si une cloison en brique ne s’était pas rencontrée sous la ligne du plancher correspondant au point crucial de la chute, ce prêtre eut été écrasé sous un amas de poutres et de décombres "
M. le curé a déménagé ses meubles et a pris possession d’un logement mis gracieusement à sa disposition.

Le 20 février 1853, M. le Maire et la municipalité
"soucieux de donner au prêtre desservant un logement aux murs solides et convenables"
- Approuvent les plan et devis de M. BEGUE architecte afin que :
"Par la suite de cet accident et sur l’avis des hommes de l’art qui ont déclaré que cette maison ne pouvait plus être habitée sans périls M. le curé a été obligé d’en sortir a l’heure même et de faire transporter tous ses meubles dans une maison étrangère. M. le maire a de plus observé que désireux donner au prêtre desservant un logement aux murs solides et convenables il était d’avis, à part la reconstruction du couvert tombé.
  1. la portion de basse cour appartenant au presbytère laquelle a été jusqu’aujourd’hui ouverte au public ce qui l’expose à être habituellement encombrée de pierre ou fumier, soit fermée par une porte d’entrée sur la rue et séparée de la cour attenante à la maison voisine par un mur mitoyen.
  2. que la susdite maison soit rendue indépendante par la construction d’un petit escalier montant du 1er étage au second, auquel second étage M. le curé ne peut arriver qu’en passant par l’escalier d’une maison voisine.
  3. que le prêtre desservant ait au moins un petit coin de salon qui devra lui servir tout à la fois de salon à manger et de salon de compagnie.
  4. qu’il y ait dans le presbytère une ou deux chambres à coucher pour les étrangers ; toutes chose qui manquent dans le presbytère actuel et qui peuvent se faire aisément au moyen de quelques cloisons en briques.
  5. enfin M. le maire a proposé que dans l’intérêt de l’édifice tous les murs extérieurs soient enduits par une couche de bon mortier.
- Et demandent à M. le sous Préfet de bien vouloir accéléré ce dossier car: "…ce logement provisoire, le seul convenable qui se trouve dans le village ne peut lui être laissé que jusqu’à l’époque des vers à soie au plus tard"

Le 21 mai 1854, le conseil municipal alloue une somme de 125 Frs, de loyer pour le logement de M. le curé, au sieur COMBE.

Le 21 janvier 1855, le conseil municipal, met en demeure M. NOUGARET, maçon de Fons sur Lussan, de terminer les travaux de réparation au presbytère d'ici un mois. En effet ces travaux, suivant l'ordre de service dressé par M. BEGUE architecte à Uzès, auraient dus être réalisés dans un délai de deux mois à compter du 19 septembre 1854, alors qu'ils sont interrompus depuis le 27 septembre.

Le 13 juillet 1856, M. BEGUE présente un devis estimatif de 506,53 Frs, pour l'achèvement des travaux du presbytère. Une partie seulement a été réalisée et la somme de 1180,32 Frs a été mandatée. Car par suite de ses négligences et manquements: M. NOUGARET
"a été déchu de son entreprise par arrêté préfectoral en date du 18 septembre dernier (1855)"
Le conseil municipal prie M. le Préfet d'autoriser la commune à réaliser ces travaux en régie du fait de leur modicité et de leur urgence.

Aucune autre délibération ne traite de cette affaire: ils ont dus être terminés rapidement et en de bonnes conditions. Mais effectivement la qualité de la prestation de M. NOUGARET présentait bien des malfaçons car seulement 8 plus tard, le 8 mai 1864: "M. le maire expose au conseil municipal que par suite de la mauvaise construction des deux plafonds des deux chambres supérieures du presbytère sont presque tombés ou menacent ruine et qu'en cet état ces deux chambres sont complètement inhabitables" Cette fois les travaux ont été correctement exécutés car je n'ai trouvé aucun document traitant de travaux au presbytère.

Une délibération du 25 février 1872, nous apprend que la commune n'a pas encore remboursé, la somme de 450 Frs et les intérêts de 5 ans restants dus, aux frères LAVIE. En 1860 ceux-ci ont exigé et obtenu, de la part de certains habitants, le paiement des arriérés concernant cette vente. Devant Maitre CHAZEL la commune s'est engagée à rembourser la somme de 790 Frs avec capitalisation des intérêts à 5% auxdits habitants, soit 987 Frs.

Le 11 février 1877, le conseil municipal reconnaît que la commune est toujours débitrice envers les donateurs, ou leurs héritiers, de la maison presbytériale, pour la somme de 790 Frs plus les intérêts à 5% depuis 5 années, ce qui porte la dette à 987 Francs.
Je n'ai pas trouvé d'acte confirmant l'amortissement de cette dette.

Par suite de la loi du décembre 1905 instituant la séparation de l'église et de l'état, il doit être payé un loyer pour le presbytère dont la commune est propriétaire.

Le 19 octobre 1907 ,le conseil municipal arguant que le presbytère avait été donné à la commune par les habitants catholiques, fixe
" le loyer à 20 Frs par an, le bail à intervenir sera fait pour une durée de 18 ans".

Par lettre en date du 27 janvier 1908 M. le Préfet fait savoir à M. le Maire et ses conseillers que le montant du loyer du presbytère est trop faible et qu'il doit être porté à 50 Frs par an.

Le 11 février 1908 le conseil municipal:
"…après avoir délibéré attendu que par suite du caractère litigieux de l'immeuble, dont la commune n'a pas en réalité la libre disposition, la municipalité avait cru sage de ne pas établir un taux de location de plus de 20 Frs pour sa modération que les héritiers des donateurs ne demandent point la révocation.
Attendu qu'il est à craindre que si on élève le taux de la location, un procès ne se produise et que vu les termes très impératifs de la donation la commune ne soit condamnée à rendre le presbytère et a payer des frais de procès toujours forts lourds à supporter.
Que d'autre part, l'état de délabrement du presbytère actuel ne permet raisonnablement pas demander un taux plus élevé au locataire, qui par suite du mauvais état du bâtiment a à sa charge un entretien onéreux.
Que des exigences plus grandes exposerait la commune à ne pas louer l'immeuble actuel à perdre même la location actuellement proposée, ou bien l'emmènerait à des réparations considérables si elle voulait en tirer un profit plus considérable.
Le conseil: persuadé que M. le Préfet appréciera la situation exceptionnelle dans laquelle se trouve la commune de Fons sur Lussan".

Maintient à 20 Frs le loyer annuel du presbytère.

Le loyer des logements des ministres du culte impactera également le logement du pasteur. Dans une note du 5 mars 1909, M. le sous Préfet,
"fait connaitre que M. CABRIERE pasteur protestant sollicite le paiement de l'indemnité de logement qui lui est due par la commune pour l'année 1908, s'élevant à la somme de 100 Frs".

Le 7 avril 1909, le conseil municipal "ne conteste pas le principe de l'indemnité de logement demandée par M. CABRIERE pasteur protestant à la condition qu'il justifie d'être employé pour une association culturelle régulière.
Considérant que le crédit demandé de 100 Frs parait exorbitant, que s'il a pu être normal quand la population était plus élevée et que la crise économique ne sévissait pas sur le pays il devient exagéré aujourd'hui que l'agriculture est moins productive ou la population de la commune a diminué et ou plusieurs maisons ne peuvent trouver de locataire.
Considérant que le logement dont M. le pasteur occupe lui appartient, s'il en était autrement moyennant un loyer de 50 Frs, il est certain que l'on trouverait facilement de quoi loger un ministre du culte dans un immeuble au moins aussi convenable que le presbytère catholique. Que voter une somme supérieure à 50 Frs serait en réalité donner au culte protestant une subvention indirecte, interdite par la loi de séparation.
Par ces motifs, le conseil municipal vote à titre d'indemnité de logement à M. CABRIERE pasteur protestant la somme de 50 Frs et décide qu'elle sera inscrite au budget supplémentaire de 1909".


Le 30 janvier 1927, M. le Maire expose au conseil municipal qu'il avait reçu de M. le Préfet une note en date du 24 janvier 1927, lui disant que:
1° le prix de 20 Francs fixé pour la location du presbytère ne correspondant plus, en raison de la dévalorisation de l'argent, à la même somme fixée il y a dix huit ans, ce prix doit être au moins doublé et porté à 40 Francs.
2° Que d'autre part pour les mêmes raisons la commune ne saurait engager l'avenir en concédant un bail pour 18 ans il exige que cette durée soit ramenée à des proportions normales c'est-à-dire à une période de 6 ans.

Il est rappelé dans quelles conditions la maison presbytériale est devenue propriété de la commune.
Le conseil municipal reconnaît fondées les observations de M. le Préfet quant à la fixation à 40 Frs le prix du loyer du presbytère.
Mais considérant:

  • Que le local en question, dépourvu de toute destination agricole, ne pourra trouver à se louer dans un pays pauvre ou tous les habitants travaillent la terre et où, en général, chacun possède sa propre maison.
  • Que cet immeuble est grevé de nombreuses servitudes:
    1. Une fenêtre donnant sur l'escalier d'entrée, à peine à un mètre au-dessus des marches.
    2. Evier sous la fenêtre de la salle principale du presbytère.
    3. Balcon de plein pied avec fenêtre d'une chambre.
      Ces diverses servitudes enlèvent à cet immeuble toute valeur locative.
  • Que l'état de délabrement du presbytère ne permet raisonnablement pas de demander un taux plus élevé au locataire, qui par suite du mauvais état du bâtiment a à sa charge un entretien onéreux.
  • Qu'il serait tout à fait inconvenant de fixer un loyer au dessus de 20 Frs, étant donné que le locataire de cet immeuble desservant aussi la paroisse de Lussan, ne paye que 25 Frs de loyer fixé par un bail le 15 septembre 1925, pour un presbytère de cette commune qui appartient à la commune, tandis que celui de Fons-sur-Lussan appartient aux catholiques.
  • Enfin: que le renouvellement du bail tous les 6 ans, étant donné que les conditions sont les mêmes, ne fait qu'occasionner des frais de timbre et d'enregistrement.
Le conseil, persuadé que M. le Préfet appréciera la situation exceptionnelle dans laquelle se trouve la commune de Fons-sur-Lussan, délibère dans l'intérêt de la commune en maintenant à vingt Francs (20 Frs) pour une durée de dix huit ans, le prix de location du presbytère.

Cette délibération sera approuvée par le préfet de Nîmes le 22 mars 1928.

Le 13 avril 1946, M. le Maire expose au conseil que le bail du presbytère concédé le 30 janvier 1927, pour 18 ans est arrivé à expiration le 31 décembre 1945 et qu'il aurait lieu de le renouveler pour une nouvelle période de 18 ans.
Le conseil considérant que les raisons qui ont fixé à 20 Frs par an le loyer du presbytère, lors de la séance du 30 janvier 1927, sont toujours actuelles.
Vote la location du presbytère pour 18 années à partir du 1er janvier 1946, moyennant le prix annuel de 20 Frs.
Cette délibération sera approuvée le 6 mars 1947 par le préfet, mais seulement pour une durée de 6 ans et un loyer annuel de 100 Frs. La délibération originale et modifiées en conséquence

Le 4 mai 1952, M. le Maire expose au conseil municipal, que le bail du presbytère conclu pour 6 ans à partir du 1er janvier 1946 est arrivé à expiration le 31 décembre 1951 qu'il y aurait lieu de le renouveler pour une période de 9 ans.
Le conseil considérant que les raisons qui ont fixé à 100 Frs par an le loyer du presbytère, lors de la cession du 13 avril 1946 sont toujours actuelles.
Vote la location du presbytère pour 9 ans à partir du 1er janvier 1952 moyennant le prix annuel de 100 Frs.

Le 17 décembre 1953, M. le Maire expose au conseil municipal, que M. le Préfet par sa lettre du 14 juin 1952 faisait retour de la délibération du 4 mai dernier, en faisant connaître qu'aucun renouvellement de bail ne sera autorisé en ce qui concerne le presbytère, si le montant du bail ne couvre pas entièrement les charges actuelles supportées par la commune pour cet immeuble et une lettre du 8 octobre 1953, donnait de nouvelles précisions concernant la rédaction de ce contrat.
Les charges actuelles pour cet immeuble sont:
   Impôt foncier 260 Frs
   Taxe vicinale   70 Frs
   Assurance incendie     570 Frs
                Total 900 Frs
Le conseil municipal vote le renouvellement du bail du presbytère pour une durée de 6 ans moyennant un loyer annuel de 1000 Frs.



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Horloge


Le 25 août 1929, M. le Maire présente les plans et devis du 16 août de M. KINCHER de Montpellier pour l'établissement "d'une horloge publique à placer sur le clocher d'une des églises catholique ou protestante de la commune, lequel emplacement sera désigné entre le poseur de l'horloge et le conseil municipal".
Le coût de ces travaux sera de 8500 Frs pour la fourniture de l'horloge et 1500 Frs de travaux de maçonnerie, soit 10000 Frs pour l'ensemble.
A l'élaboration du budget de 1929 une somme de 7000 Frs avait été budgétée à cet effet.
Le conseil municipal vote une demande de secours de 3000 Frs auprès du département pour l'entier financement du projet.

En retour M. le préfet demande à la municipalité de prévoir en totalité le financement des travaux de la pose de l'horloge, compte tenu qu'il n'est pas possible de prévoir si la commission départementale accordera tout ou partie du secours demandé.

Le 1er septembre le conseil réitère sa demande et prévoit en cas de secours insuffisant
"il sera fait une modification au devis concernant la maçonnerie: à supprimer le petit monument très modeste, d'ailleurs, pour recevoir le cadran au dessus des toits. Et sera pratiqué au dessous du toit une ouverture au mur pour le cadran, cela dénotera par ce fait que la commune a fait tout ses efforts en matière financière".

Le 8 octobre 1929. M. le Maire donne lecture d'une lettre de M. le Préfet Qui dit: que "dans la séance du 16 septembre la commission départementale a alloué à la commune un secours de 1200 Frs pour l'aider au paiement des frais d'achat et d'installation d'une horloge".
Le secours demandé était de 3000 Frs il manque donc 1800 Frs.
Cette somme est votée par virement de fonds sur les crédits ouverts aux budgets de 1929, sous la rubrique "Entretien des édifices communaux……"

Le 5 janvier 1930, M. le Maire expose au conseil municipal que les travaux de l'installation de l'horloge ne pourrons être exécutés comme prévu aux plans initiaux:
" la cloche de l'église ne peut être utilisée celle-ci ayant un défaut de sonnerie". Les modifications au projet pour palier ce défaut augmente le coût des travaux de 6000 Frs.

Financement du projet (déjà acquis):

Par délibération du 25 août 1929 dûment approuvée par M. le Préfet le 22 octobre 1929. 7000 Frs
Secours accordé par la commission départementale en sa séance du 16 septembre 1929. 1200 Frs
Considérant aussi que par une autre délibération en date du 8 octobre dernier, dûment approuvé par M. le Préfet, le 22 octobre 1929, a été voté et par virement de fonds sur les crédits ouverts aux budgets de 1929, sous la rubrique "Entretien des édifices communaux" article 32 du budget primitif et article 15 du budget additionnel, une somme de.

1800 Frs
Total 10000 Frs

Le conseil vote le financement des travaux des travaux supplémentaires de la manière suivante:

Aliénation de 270 Frs de rente sur l'état 6% emprunt 1920, que le produit de cette aliénation devra produire une somme de.
4500 Frs
Demande d'un nouveau secours 1500 Frs
Total 6000 Frs

Le 30 janvier la commission départementale rejettera cette nouvelle demande de secours de 1500 Frs.

Nouvel aléa! La cloche, fournie et mise en place, pèse 6 kilos de plus que celle prévue au devis, il en résulte un surcoût de 150 Frs.

Le 23 février le conseil vote l'aliénation de 329 Frs au lieu de 270 Frs de la rente de 6% de 1920 qui rapporterons les 6150 Frs nécessaire.

Le 28 mars M. le Préfet suggère à la municipalité qu'il serait plus avantageux de faire un emprunt auprès de la caisse des dépôts et consignations plutôt que d'aliéner une partie de la rente de 1920.

Le 30 mars le conseil municipal jugeant le bien fondé des remarques de M. le Préfet adhère à l'idée d'un emprunt. Mais:
"..les formalités à remplir exigeront beaucoup de temps, il est à craindre que l'entrepreneur subisse un trop long retard dans le paiement de ces travaux qui vont être terminés dans quelques jours". Le conseil municipal vote donc un emprunt de 6150 Frs auprès d'un particulier, emprunt qui lui sera remboursé le 1er janvier 1931, par un autre emprunt contracté, cette fois, auprès de la caisse des dépôt et consignations.

Le 27 Avril 1930, du point de vue administratif tout est en ordre et le conseil peut constater:
"Que les travaux concernant l'installation de l'horloge sont terminés depuis huit jours. Que les conditions de paiement concernant cette installation doivent être payées un mois après leur achèvement.
Qu'en faisant cet emprunt à un particulier les formalités à remplir n'exigent qu'un délai très restreint et la commune pourra de ce fait tenir ses engagements de paiement au jour fixé sans que l'entrepreneur puisse exiger aucune indemnité".

La commune remboursera "ledit particulier" à l'aide d'un prêt, de 6150 Frs remboursable sur 30 ans au taux de 6,470679%, accordé par la caisse des dépôt et consignations.


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1   La construction des églises paroissiales, du XVe au XVIIIe siècle sem-link Marc Venard
Revue d'histoire de l'Église de France Année 1987 Volume 73 Numéro 190 pp. 7-24 (Fait partie d'un numéro thématique : La construction des lieux de culte du Moyen Age à nos jours)
2   Terme du culte catholique. La prière que le prêtre dit en lavant ses doigts durant la messe; elle commence par "lavabo meas inter innocentes"
Par extension, le petit linge dont le prêtre qui dit la messe se sert pour essuyer ses doigts.
3   Fabrique, En parlant d'une Eglise paroissiale signifie aussi tout ce qui appartient à cette Eglise, tant pour les fonds et les revenus affectés à l'entretien, et à la réparation de l'Eglise, que pour l'argenterie et les ornements.
4   On appelle Église succursale, Une Église qui sert d'aide à une Paroisse.
5   Logement pratiqué sous les combles et, par extension, Logement misérable et sordide.